Après des années de mutisme pesant, le
Dungeon-RPG semble avoir le vent en poupe en Occident. Dans la mouvance
des Pokémon Donjon Mystère et autres Shiren the Wanderer, Izuna offre
ainsi à la DS un nouveau représentant du genre. Moins rebutant que
l'impitoyable Mystery Dungeon, le titre de Success n'en reste pas moins
très old-school dans son approche et n'apporte pas grand-chose de neuf
à cette catégorie.Demoiselle pimpante en quête de reconnaissance, Izuna aurait pu être
une adolescente comme les autres si le destin ne l'avait prédestinée à
défier les dieux. Sa quête consistera à lever la malédiction que ces
derniers ont infligée aux habitants du village de Kamiari en les
battant un à un en duel. Mais avant cela, il lui faudra mettre sa vie
en jeu en traversant six donjons blindés de créatures vengeresses
issues du folklore nippon.
Les textes sont traduits en français sur la version européenne.Ce
Dungeon-RPG baigne donc dans une atmosphère de mythes et de légendes
japonaises qui n'est pas pour nous déplaire, à cela près que l'univers
d'Izuna se rapproche plus d'un Naruto que d'un épisode de Far East of
Eden. L'aura sympathique qui se dégage du soft est d'ailleurs gâchée
par un manque d'audace regrettable dans le scénario, l'histoire perdant
tout son attrait à mesure que l'on avance dans le jeu. L'éventail des
personnages promettait pourtant quelque chose d'assez délirant, ce qui
n'est finalement pas le cas puisque l'aventure n'atteint jamais les
frontières de l'humour et de la dérision. Les dialogues potaches
n'aident pas non plus à s'immerger dans cette atmosphère légère qui
tranche avec le sérieux des expéditions dans les donjons où la mort
nous guette à chaque instant. La quête se résume globalement à défaire
le boss de chaque labyrinthe pour lui prendre son orbe divin, puis à
utiliser ses pouvoirs sur les villageois pour lever peu à peu la
malédiction. L'accès au donjon suivant s'ouvre alors, et c'est reparti
pour une dizaine d'étages supplémentaires.
Le talisman Fuuma permet de capturer des monstres pour les invoquer.Le
pouvoir des orbes a néanmoins une influence sur la population puisque
ces derniers changeront de comportement de manière plus ou moins utile,
par exemple en acceptant de vous rendre de nouveaux services via les
magasins. La réserve a le mérite d'accepter un très large éventail
d'objets que vous pourrez entreposer gratuitement, ce qui n'est pas du
luxe étant donné la taille limitée de l'inventaire. Ceux qui ont plus
l'habitude des hack'n slash que des Dungeon-RPG doivent d'ailleurs être
prévenus qu'on ne peut pas revenir au village librement pour vider son
stock d'objets une fois entré dans un donjon. Ces niveaux, générés
aléatoirement, se referment sur vous dès que vous posez le pied à
l'intérieur, et ne vous libèrent que si vous parvenez à franchir tous
les étages un à un, ou que vous quittez le niveau en utilisant un
parchemin Kikan salvateur. Evidemment, la mort vous ramène aussi dans
le cadre sécurisant du village, mais il vaut mieux éviter d'en arriver
là. La sanction entraîne en effet la perte de tous vos biens, de tout
votre argent, ne vous laissant que les points d'expérience obtenus en
terrassant vos ennemis. Sur ce point-là, Izuna fait pourtant plutôt
preuve d'une générosité appréciable, la progression étant finalement
beaucoup moins laborieuse et rebutante que dans Mystery Dungeon :
Shiren the Wanderer.
Les magasins offrent davantage de services à mesure que vous levez la malédiction.Bien
sûr, toute triche est à proscrire puisque couper la console équivaut à
un game over pur et simple. A vous donc de prendre les devants en
plaçant vos économies dans la réserve et en entreposant vos meilleurs
objets dès que vous en avez l'occasion. Rare et hors de prix, le
parchemin Kikan qui permet de fuir un donjon est un luxe dont vous ne
disposerez pas systématiquement. Malgré tout, Izuna est loin d'être un
titre impitoyable et nous autorise même à sauvegarder entre chaque
étage pour interrompre sa partie. Pour le reste, le soft se contente
d'appliquer les routines du genre. Les ennemis se déplacent en même
temps que vous, case par case, et le plan se dévoile à mesure que vous
explorez les lieux. Pour se battre, l'héroïne dispose des armes qu'elle
trouve directement sur place : des lames, des griffes et des pièces
d'armure qui varient en efficacité. On peut consulter à tout moment les
statistiques de ces objets pour les comparer entre eux, aucun n'étant
maudit ou impossible à identifier. Plusieurs armes de jet peuvent être
obtenues pour frapper à distance, par exemple en lançant des kunais et
des shurikens, en plaçant des chausse-trappes sur le sol ou en déposant
des bombes derrière soi. Les pièges n'apparaissent qu'à partir du
troisième donjon mais compliquent pas mal les choses. On peut d'un seul
coup se retrouver cerné par cinq adversaires après avoir marché
malencontreusement sur une dalle piégée, ou glisser sur une trappe et
finir projeté la tête la première contre un mur de pierre. Dans un
autre style, le piège de suée vous empêche d'enfiler votre équipement,
tandis que la cuvette efface le plan de l'étage où vous vous trouvez et
que le piège fumant vous envoie à un autre coin du niveau...
L'obscurité fait partie des multiples pièges qui caractérisent les donjons.Les
ennemis disposent aussi de capacités bien gênantes, comme la confusion
ou l'immobilisation, quand ils ne détériorent pas carrément votre
arsenal en métal. Mais un passage chez le forgeron pourra heureusement
remédier aux problèmes de durabilité de vos armes. La seule petite
subtilité d'Izuna réside dans la gestion des talismans que l'on peut
utiliser directement pour lancer des sorts, ou bien fixer sur des
pièces d'équipement afin de les renforcer en leur attribuant des
pouvoirs cachés. La magie puise dans la jauge d'esprit d'Izuna mais
permet de se débarrasser efficacement de ses adversaires, moyennant
quelques effets visuels dignes de la GBA. A noter tout de même la
possibilité de capturer des monstres en leur envoyant un talisman
Fuuma, pour les invoquer ensuite en tant qu'alliés dans les donjons.
Beaucoup plus accessible que Shiren The Wanderer où l'on pouvait mourir
de faim et où les monstres n'hésitaient pas à fusionner entre eux pour
devenir surpuissants, Izuna est un bon moyen de s'initier au genre sans
s'arracher les cheveux. En revanche, les joueurs confirmés n'y
trouveront sans doute pas le challenge recherché, d'autant qu'on
progresse très vite dans cette aventure qui ne compte que six donjons à
explorer.